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Writer's pictureJulie BCantin

Les balayeurs de rue - Par René Lopez Zayas



L'hygiène des rues de la capitale est pleine de contrastes. La Havane, comme l'ensemble du pays, montre souvent une façade très propre en général, c'est vrai, nous pouvons affirmer que Cuba c'est propre, mais d'autres fois quand on rentre dans les profondeurs de certains quartiers on découvre une ville plus sale et plus désorganisée, où la collecte des déchets ne s'effectue que de temps en temps et les ordures s'accumulent dans les coins, car les camions de nettoyage ne sillonnent souvent que les grandes avenues et ce pas tous les jours.


Aujourd'hui, des habitudes qui favorisent la propreté de la ville se sont un peu perdues, comme la collecte des déchets toutes les nuits et la coutume de ne pas sortir les ordures quotidiennes de la maison avant le soir. Malheureusement, dans le même temps, d'autres habitudes ont proliféré, comme celle de disperser indolemment les ordures dans n'importe quel coin.


Il est pertinent de souligner que nous ne trouvons pas toujours les dépôts d'ordures nécessaires dans tous les coins de la ville. Parfois, nous marchons des centaines de mètres dans des rues animées et il n'y a pas une seule poubelle disponible. Cependant, dans d'autres endroits, vous en trouverez de nombreux réservoirs à ordures assemblés pour le plaisir.


Dans l'effort de maintenir la propreté de la ville, nous rencontrons un personnage fondamental : le balayeur. Les balayeurs sont en effet une profession vitale qui ne reçoit pas cependant toute la reconnaissance qu'elle mérite de la part de notre société.

Chaque jour, peu après 5 heures du matin, quand règne encore le silence de la nuit, de la maison on entend d'abord le grincement des roulements non lubrifiés et des roues de métal sur le trottoir, de cette charrette inventée pour organiser son travail ; puis ça s'arrête et là on sent le rythme régulier du balai que mon voisin balayeur utilise pour nettoyer les rues et que le quartier se lève toujours impeccable.


Son chariot de nettoyage dispose de deux réservoirs pour vider les déchets collectés, et transporter ses outils de travail, c'est-à-dire un balai et une pelle à poussière, ainsi que de quelques crochets qui servent à accrocher des sacs, où il va placer généralement quelque chose à manger et à boire, ou ranger un objet de valeur trouvé dans son travail quotidien. En fin de compte, c'est incroyable tout ce qu'il trouve qui peut être utile, même commercial, mais que d'autres ont jeté. Fouiller dans les poubelles devient tristement une pratique de plus en plus courante.


Mon voisin est une personne âgée, comme presque tous ceux qui se consacrent à ce travail, c'est quelqu'un de sociable, assez bavard, qui aime fumer un cigare en travaillant, mais aussi très dévoué à sa noble tâche qui passe souvent inaperçue de la population, qui malheureusement ne contribue pas toujours à respecter le travail de ces ouvriers, à qui l'on doit beaucoup l'hygiène communale et une partie essentielle de la beauté de la ville aussi.


Le métier de balayeur de rue a toujours été méprisé à Cuba. Pour beaucoup, c'est la dernière option à considérer pour le travail. D'autre part, les gens sont souvent indolents et versent les déchets à gauche et à droite, parfois inconsciemment, ou par manque de culture et d'éducation, et compliquent ainsi le travail du balayeur qui a déjà bien du mal sans les bons moyens de travail et de protection, et sans soutien salarial suffisant. Nos balayeurs doivent presque toujours se procurer des écouvillons en feuilles de palmier faits à la main pour balayer.


Quand la ville dort encore, les balayeurs travaillent pour que, lorsque nous sortions à nos tâches quotidiennes, nous trouvions la ville propre. Mais on les voit aussi travailler sous le soleil de midi de l'été ou exposés à l'humidité et au froid typiques des premiers matins de l'hiver cubain. C'est un travail incontestablement digne et plein de sacrifices.


Mon voisin, comme tous ceux qui se consacrent à ce travail si nécessaire mais si mal vu, est un humble balayeur de rue. Mon père avait coupé la canne à sucre, puis il avait tenu un stand où il vendait des croquettes pour subvenir aux besoins de la famille. C'est des gens simples, oui, mais qui ont encore quelque chose en commun, le bonheur de voir ses enfants diplômés de l'université de Cuba; ce grand pays des Caraïbes, plein de contrastes et de beauté humaine paradoxale.


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