Rien de plus incertain qu'une prévision faite à plusieurs jours à l'avance !
Les trajectoires
Sur la première image on voit que la ligne centrale, la trajectoire prévue pour l'oeil de la tempête ou de l'ouragan, change de couleur : en jaune, on prévoit une force d'ouragan de force 1 et en bleu, une force de tempête tropicale. La trajectoire prévue pour le centre de la tempête ou de l'ouragan peut être influencée par différents facteurs dont l'interaction avec une autre île un peu plus tôt. On voit bien que la plage d'incertitude (voir plus bas) est encore très large. On peut aussi voir la trajectoire de Fiona tout à côté : quand les points sont pleins, c'est que la tempête ou l'ouragan est passé à cet endroit alors que quand ils sont vides, c'est encore une prévision.
Sur la deuxième image, la zone en rose représente la plage d'incertitude (et non l'étendu de la zone de couverture des vents comme plusieurs personnes le pensent). Cela veut dire que la trajectoire prévue pourrait varier à travers cette zone. Dans notre cas, on voit que la trajectoire prévue ne passe pas sur La Havane, mais que cette ville est dans la plage d'incertitude donc qu'elle pourrait être touchée si Ian dérive un peu vers l'est. Plus on avance dans le temps et plus la zone d'incertitude est réduite car les données recueillies par les météorologistes leur permettent d'affiner leurs prévisions et de devenir plus précises.
Sur les sites de prévisions, on présente habituellement des trajectoires avec une belle ligne bien droite surtout quand il est question de plusieurs jours à l'avance.
Mais par la suite, on peut constater que dans les faits, c'est loin d'être rectiligne comme on a pu le constater avec Fiona.
Et voici deux autres exemples en date du 22 août 2023
La plage d'incertitude
Cette zone en ombré et en forme de cône indique où pourrait passer l'oeil de la tempête ou de l'ouragan. Plus on avance dans le temps et moins elle est large car les prévisions se précisent.
Cette image d'un météorologue américain illustre bien que la plage d'incertitude demeure très large et imprécise au début des prévisions. Dans le cas de Ian se dirigeant vers la Floride, beaucoup de personnes ont pensé à un moment donné que l'oeil passerait près de Tampa mais il a touché terre plus bas soit à Fort Myers. Malheureusement, des personnes se sont fiés à cette prévision, n'ont pas jugé bon de suivre les ordres d'évacuation et se sont retrouvées coincées dans leur résidence...
À moins de cinq jours, les prévisions sont rarement fiables
Selon le National Hurricane Center, il est très rare d'obtenir des prévisions fiables à plus de cinq jours. Plusieurs facteurs peuvent influencer la trajectoire d'une perturbation (voir photos qui suivent) et parfois, elles disparaissent aussi vite qu'elles sont apparues. Malheureusement, on ne peut que suivre et croiser les doigts...
Plusieurs personnes posent les questions : "Je pars dans deux semaines vers telle destination, est-ce qu'il y aura un ouragan ?" "Je vois une dépression qui pourrait devenir une tempête, est-ce que je suis mieux d'annuler ou de changer tout de suite de destination ?"
La réponse à la question 1 est difficile voir impossible. Il arrive que les modèles météos s'entendent assez bien pour soulever des doutes raisonnables pour des prévisions à moyen terme, mais c'est assez rare.
À la question 2, je suis tentée de répondre que cela dépend vraiment des réalités de chaque voyageur et de leur tolérance au risque et à l'incertitude. Si toutes et tous le font dès l'apparition d'une perturbation, personne ne voyagera pendant la saison des ouragans qui est officiellement du 1er juin au 30 novembre de chaque année ! Un couple de 20 ans qui voyage seul a des réalités très différentes d'un autre qui partira avec des enfants et/ou leurs parents plus âgés. Le plus important selon moi quand on voyage pendant cette période est de s'assurer d'avoir d'excellentes assurances annulation. Personnellement, je prends toujours de telles assurances même si je vais habituellement à Varadero en décembre car on ne sait jamais ce que le vie peut nous réserver (maladie ou décès d'un proche, blessure personnelle, situation politique ou sociale instable, etc.).
Le "pic" de la saison des ouragans est habituellement entre la mi-acoût et la mi-octobre mais Mère Nature est loin de maîtriser notre concept de calendrier avec dates. ;-) J'ai personnellement vécu une tempête tropicale à Varadero en plein mois de février ce qui est très exceptionnel. Même les Cubains n'en revenaient pas !
Pas seulement un oeil...
Plusieurs personnes pensent que si l'oeil d'une tempête ou d'un ouragan ne passera probablement pas sur leur destination, elles seront OK. Beaucoup moins de danger certes, mais il peut tout de même y avoir des dommages et des inconvénients car surtout pour les ouragans, ils peuvent être très larges et affectées de grandes zones. On voit sur cette photo que les vents débordent largement sur une bonne partie de Cuba.
Si on prend l'exemple de Ian à Cuba la semaine dernière (fin septembre 2022), l'oeil est passé dans la province de Pinar del Rio avec une force 3 où les dégâts ont été très importants. Varadero n'a presque rien eu mais La Havane a subi certains dégâts bien que vraiment moins significatifs qu'à Pinar del Rio. À Varadero, il y a eu quelques chambres inondées et des feuilles de palmier arrachées, mais à peine plus.
Photo : Lorraine Petit - 27 septembre 2022
Par mesure de sécurité, les clients de quelques hôtels de Varadero avaient été relocalisés dans d'autres jugés plus sécuritaires. Certains hôtels plus vieux, situés en ville, n'ont pas la même qualité de construction, sont situés très près de la mer et ne disposent pas de génératrice. Il est fréquent de voir des pannes d'électricité lors des tempêtes majeures. Ce fut une sage décision car c'est finalement une panne majeure qui affecte toute l'île. Varadero a maintenant de l'électricité depuis hier (30 octobre 2022) et les clients retournent à leur hôtel. Malheureusement, ce n'est pas le cas de La Havane et de très nombreuses autres villes où la panne dure depuis plus de 100 heures en date du 1er octobre... ;-( Les membres nous ont aussi partagé que dans les hôtels qui utilisaient des génératrices, ce n'était pas l'idéal : les lobbys étaient éclairés et climatisés, mais pas nécessairement les restaurants et les chambres.
Dans la majorité des hôtels, il semble que les clients ont été bien informés avant l'arrivée de l'ouragan à l'ouest de l'île et que le personnel a fait un excellent travail pour assurer leur sécurité et leur confort avant, pendant et après la période plus inquiétante. Plusieurs ont organisé des animations dans le lobby pour distraire les clients qui s'y sont rassemblés. Un grand merci à toutes les personnes qui travaillent dans les hôtels et qui ont fait un travail remarquable alors qu'elles s'inquiétaient pour leur propre famille. Muchas gracias !
Et ce n'est parce que l'oeil est passé que tout est terminé... Dans les Caraïbes, l'étendu des tempêtes déborde souvent plus vers l'est (notre droite sur une carte) et le "deuxième mur" peut générer des effets tout de même importants. À Varadero, c'est presque une journée plus tard que de gros vents ont arraché quelques palapas sur la plage. Une membre qui est allé prendre des photos nous a confirmé que le vent soulevait le sable qui venait lui fouetter les chevilles et que cela faisait mal. Bien sûr, les grosses vagues ont exigé le drapeau rouge donc pas de baignade possible non plus.
Photo : Lorraine Petit - 28 septembre 2022
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